août 17, 2024

Une volonté de transmettre – Partie 3 : Premier échange avec la jeunesse en compagnie de Lilia Maria

Par Benjamin Mopondi

Contexte :

On continue sur cet objectif débuté en 2024 de partager un moment avec nos jeunots afin de leur procurer un savoir, qui leur serait instructif pour l’avenir.

On vit dans un monde d’apartheid, et la seule vraie ségrégation est faite par la connaissance. Peu importe le domaine, celui qui cumule le plus d’instructions, alourdi son bagage intellectuel, et sera toujours le plus prompt à réussir. Voire à devancer la concurrence.

Le premier entretien sera avec Lilia Maria, désormais bachelière, qui a déjà été stagiaire en troisième chez AM-ENR https://www.am-enr.com/le-premier-stagiaire-de-lassociation/, participant même au partenariat avec ATM https://www.am-enr.com/partenariat-officiel-avec-les-amis-de-tuidi-madiata/, et enfin en rédigeant un article sur ce site internet https://www.am-enr.com/8eme-formation-sur-lartemisia-financee-par-am-enr-au-niger/.

La première intervenante du feuilleton « échanges avec la jeunesse »

Retranscription :

L’échange a été enregistré afin d’être retranscrit de la manière la plus proche possible de la réalité. Cependant, il y aura quelques fois des paraphrases afin de rendre le texte clair et agréable.

Pour la légende, les questions seront en gras, et les réponses en italiques :

Cet interview sera dans le cadre de notre démarche d’entretiens sur la série de rencontres auprès de la jeunesse, afin d’échanger avec eux et essayer de connaître leur vision du monde, leur perspective d’avenir, tout en tentant de les conseiller. En commençant par se présenter, pour ma part, je suis membre de l’association AM-ENR. Et vous pourriez vous vous présenter ?

Je m’appelle Lilia Maria, j’ai 18 ans et suis néo bachelière et habite à l’ouest de Paris.

Comment expliquerez vous votre état actuel ? Comment vous vous définirez en terme de statut social ?

Comme une étudiante

Et quel genre d’études avez vous suivi ?

J’ai fait un bac général avec des options scientifiques, donc j’avais physique chimie et SVT, Science de la Vie et de Terre.

Pourquoi avoir choisi spécifiquement ces filières là ?

Parce qu’elles font parties des matières que j’aime le plus.

C’est par rapport à un choix affectif donc ?

Oui

Ok maintenant une autre question, qu’est-ce que vous comptiez faire après le bac ?

Depuis la première, je suis très intéressée par le domaine médical.

Donc là vous allez poursuivre dans le domaine de la médecine ?

Oui

Ok, pourquoi la médecine ? C’est un choix ou bien juste une envie de découvrir ?

Honnêtement c’est une envie de découvrir car je savais que ça concentrait toutes les matières que j’aimais bien. Que je voulais découvrir et approfondir. Et c’est aussi le métier qui me passionne depuis que je suis petite.

Est-ce que c’est lié aux séries comme Grey’s anatomy ou Urgences ?

Non, c’est plutôt mes médecins, mes kinés, mes orthodontistes.

Donc c’est leur aspect plus social, humain ? ou c’est vraiment leur travail ?

Vraiment les deux, l’aspect social et leur profession, enfin tout ce qu’ils font au quotidien, leur connaissance sur le corps.

Ok, très intéressant, donc c’est de la nécessité de rester humain malgré le travail. Enfin surtout dans l’aspect professionnel. Un autre point, à part l’école, quels sont vos centres d’intérêts ?

J’aime passer du temps en famille, avec mes amies. J’aime bien rester à la maison, regarder la télévision. Mais j’aime aussi lire, que ce soit les livres que mon oncle me rapportent pour approfondir mes connaissances. Ou des livres, comme ça, qui racontent des histoires, enfin qui n’ont pas d’objectifs pour mes connaissances, ma réflexion.

Je fais aussi de la flûte traversière, et prends des cours depuis petite et j’aime bien aussi en jouer.

Donc, si j’ai bien compris, vous avez dit que c’est famille, détente, littérature non seulement instructive mais aussi celle qui détend, ainsi que la musique.

Oui

Ok, quelle est votre vision de la lecture ? Parce que généralement les enfants n’aiment pas trop lire. Même en terme de message téléphonique, ils sont plus dans l’audio plutôt que dans les écritures. Donc tout ce qui est liée à la lecture, l’écriture, on a l’impression que c’est répugnant. J’utilise un mot un peu dur, mais c’est l’impression que ça donne. Que ça les révulse, donc comment vous définiriez votre attrait à la lecture ?

Depuis que je suis petite, que ce soit à l’école ou à la maison, on m’a toujours appris à aimer lire. On faisait des rallyes lecture en classe, c’est-à-dire que pendant une période de temps on devait lire le plus de livres possibles. Puis faire des résumés, tout en répondant à des questions.

J’ai toujours aimé lire, pour moi, c’est comme regarder un film.

Très belle image, pourquoi avoir lié cette notion de lire à celle du cinéma sachant que, certes les deux travaillent l’aspect visuel, mais comment vous faites le lien entre un papier et des images qui bougent ?

Quand je lis, il y a des images qui défilent dans ma tête. En réalisant mon propre film, et c’est ça qui m’aide à retenir ce que je lis. Le fait de visualiser.

C’est pour cela qui vous dites que la lecture est comme le cinéma car dans les deux cas, votre imaginaire est actif.

Exactement

Après avoir parlé de ce que vous étiez ainsi que de ce que vous aimez, j’aimerais savoir ce que vous conseillerez à vous-même dans le passé, si vous le pouviez, ou à des jeunes de votre âge allant jusqu’à des enfants ayant déjà atteint la raison ? Partez de 18 ans jusqu’à 5 par exemple. Comme bon vous semble, par tranche d’âge ?

En commençant de 18 à 15 ans, par la période du lycée, je dirai qu’il faudrait commencer par faire attention à ses fréquentations. J’ai eu la chance d’avoir des amies qui ne souhaitaient que mon bien, et c’était réciproque. Mais cela n’a pas été le cas de tout le monde. Et cela peut rendre la vie difficile.

Puis il faut savoir profiter de sa famille, il faut garder des liens forts. Voilà.

Au collège, de 14 à 11 ans, il y a toujours cette histoire de fréquentation. Et surtout, il ne faut pas se perdre soi-même juste par envie de vouloir traîner avec des gens qu’on trouverait cool ou je ne sais quoi. Même si on se cherche toujours, mais il ne faut pas s’égarer. En gardant une certaine ligne de conduite.

Toujours avoir un passe temps, un moyen de décompression, que ça soit du sport, de la musique, de la lecture, enfin n’importe quoi.

Ensuite pour la primaire, de 7 à 10 ans, il faut lire, même si ce sont des bandes dessinées voire des petits romans. Ce qui est important est l’habitude à créer concernant les livres papiers. Egalement s’habituer à apprendre. Tout cela constituera une base pour le futur, afin de savoir apprendre.

Ok je vois. Quel est le parcours, en terme d’apprentissage ? Car pour ma part l’école était plus liée à une notion d’obligation, et de résultats à l’instant T. Fallait réussir, cependant je n’ai pas fait de liens entre les différentes sections d’âges ou écoles. Quel lien voyez-vous de la primaire jusqu’au lycée ?

Les liens ? Je dirai que chaque année établit les bases pour celle qui suit.

On apprend à écrire des lettres afin d’ensuite pouvoir inventer des textes.

Puis on apprend à lire afin de pouvoir approfondir nos connaissances par nous-mêmes. Tout cela nous aide à être autonome.

Même en mathématiques, on débute par des calculs simples qui nous aideront plus tard à en faire d’autres plus complexes.

Ce n’est pas tous les ans, mais que cela soit en primaire, au collège et au lycée, ce sont les mêmes thématiques qui sont traitées sous différents angles. C’est donc important d’avoir une vision globale et ne pas tout oublier en passant d’une année à la suivante.

En plus, lorsqu’on prête vraiment attention à ce qu’on fait à l’école, c’est vraiment intéressant. De même, j’ai tout d’abord trouvé assez nul des chapitres de SVT portant sur le climat cette année. Cependant en les relisant, ils me sont apparus plus attractifs, et ça m’a poussé à regarder des documentaires. C’est une forme d’épanouissement.

En gros, si je comprends bien, il faut voir l’école comme un lieu de plaisir ou on peut s’épanouir, plutôt qu’un lieu d’obligation ?

Oui

Merci pour ces retours très instructifs. Sinon quelle est votre vision de l’avenir à l’université ? Comment anticipez vous cette nouvelle étape de votre vie ?

On m’a dit qu’il va falloir beaucoup travailler, faire des concessions, peut-être moins sortir qu’avant afin de plus se concentrer sur les études.

Pour moi, on m’a dit, surtout mon oncle, que c’était un investissement pour l’avenir. Selon moi, on ne gâche jamais son temps en travaillant car ça servira toujours. Je ne me fais pas vraiment de souci pour cela.

Vaut mieux souffrir maintenant afin de mieux préparer l’avenir ?

C’est ça.

Je vois, en résumé, on dit famille, lecture, apprendre, sans oublier de se détendre, de s’amuser, les amis, et la musique bien sûr. Quelle place a la musique pour vous ?

Jouer est un moyen de décompresser, partager des moments avec d’autres musiciens ou encore avec les personnes qui m’écoutent m’entraîner. Notamment les membres de ma famille.

Ecouter de la musique sert à soit trouver une situation correspondant à mon état actuel, en chanson, cela permet de s’identifier à quelque chose. Se reconnaître. Soit c’est pour explorer de nouveaux univers parce que cela reflète l’état du monde.

La musique est un moyen d’évasion ?

Oui

Après avoir traité le passé, le présent puis l’avenir. Pourriez vous me donner votre vision de l’être humain en général ? En tant que femme ? quels conseils à donner aux autres femmes qui vous ressemblent ? C’est-à-dire noire, maghrébine et française ? Toutes celles qui vous composent.

Cela fait beaucoup de questions (Rires).

Pour moi, il faut juste apprendre à se connaître et toujours essayer d’être la meilleure version de soi-même. Peu importe qui on est.

J’aime bien le verbe essayer. C’est très important. Parce que justement beaucoup pensent qu’ils ont une obligation de réussir, alors que la seule obligation est celle d’essayer. Insister sur ce verbe aide et construit qui on est réellement.

Comment avez vous essayé d’apprendre à vous connaître ?

(Rires)

Vous n’êtes pas obligés de tout dire, pour rappel, je suis l’oncle, donc pas envie de tout entendre (Rires).

Baah je ne sais pas, c’est intuitif en vrai.

Ok ce sont les scènes cachées « tu ne sauras pas tonton » (Rires).

(Rires) non, ce n’est pas ça.

On sait ce qu’on aime ou pas.

C’est important d’en parler car beaucoup pensent se connaître alors qu’ils se fourvoient dans une direction malsaine pour elles mêmes.

D’où l’insistance sur cette question de comment apprendre à se connaître sans se détruire.

Sans se détruire ? Justement, si on connait ses défauts, on peut les limiter, essayer de lutter contre eux, de les encadrer pour éviter l’autodestruction. Ainsi on peut se concentrer sur ce qu’on aime, sans être un danger pour nous.

Si je résume, il faut d’abord connaître ses défauts, afin d’essayer de les limiter ?

Après on est tous confronter à nos limites humaines, peu importe nos actions. Il faut savoir s’en poser en amont.

Je ne sais pas si cela fait sens.

Oui, merci beaucoup, tout fait sens. C’était très enrichissant, certes court mais édifiant.

Quel est votre retour sur ce premier épisode qui sera retransmis sur le site d’AM-ENR ? https://www.am-enr.com/ (Rires), auto publicité.

Quel est votre mot de la fin ?

En vrai, j’ai trouvé cela très intéressant car c’est le genre de questions auxquelles je n’y penserais pas seule. Cela m’a permis de réfléchir, et faire une introspection.

Merci beaucoup, matondo mingi, aksanti sana, shoukran. C’était dans l’ordre, du Français, du Lingala, du Swahili et bien sûr de l’arabe.

Merci beaucoup Madame, Mademoiselle Lilia Maria.

De rien (Rires)

Kimia, ça veut dire paix, ssalaam, ciao (^_^).

AM-ENR et Lilia à la libraire Présence Africaine

Lire délivre — Un temple du savoir, cette Libraire Tamery